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San Agustin et les civilisations perdues 24/04/2010

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El estrecho del Magdalena

Nous reprenons donc le bus à Neiva et longeons le fleuve Magdalena pendant près de 5 heures pour arriver à San Agustin et y découvrir les fameux sites précolombiens qui font la renommée du village.

San Augustin est un centre touristique réputé pour aller à la rencontre des civilisations précolombiennes. Mais celles-ci ont su garder leur mystère. Les premières descriptions du site ont été faites par un religieux capucin, Fray Juan de Santa Gertrudis, en 1756. Les premières réelles fouilles sérieuses sont l’œuvre de l’archéologue allemand Konrad Theodor Preuss, en 1913-14. Depuis, de nombreux archéologues sont venus dans la région pour chercher d’autres traces de ces civilisations appelées agustinienne (même si elles ont vu le jour bien avant la naissance de Saint Augustin, on les a baptisées du nom du village de San Agustin), sans réussir à percer réellement les mystères. La datation au carbone 14 démontre que les premiers restes datent de 3300 av JC. Ce peuple a probablement connu son apogée entre les 1er et 7ème siècles avant de s’éteindre entre les 12 et 14ème siècles de notre ère.

La zone sur laquelle s’étendent les fouilles archéologiques dépasse allègrement le territoire du village même. On peut retrouver des traces et des statues sur un territoire de près de 2000 km2. On estime par ailleurs que seulement 10% des restes de la civilisation ont été à ce jour découverts. De plus, de nombreux guaqueros, les tristement célèbres pilleurs de tombes colombiens, ont extrait et vendu des restes qui se trouvent aujourd’hui éparpillées aux 4 coins du monde dans des collections privées.

La première césarienne de l'histoire

Et pourquoi ces sculptures nous fascinent-elles autant ? Parce que cette civilisation disparue sculptait des pierres pesant des tonnes, pouvant atteindre plusieurs mètres de longueur, ensevelissaient leurs morts dans des tombes somptueuses. Mais aussi parce qu’aujourd’hui encore, nous ne connaissons pas grand-chose de la culture de la civilisation agustinienne : les seuls restes connus sont leurs tombes, gardées par les fameuses sculptures géantes et enterrées sous des monticules pouvant atteindre 10 mètres de hauteur. Nous ne connaissons donc de cette civilisation que la culture mortuaire : les archéologues n’ont pas retrouvé de restes de villes ou villages pouvant mieux nous éclairer sur la vie et la culture des agustiniens. Les habitants habitaient surement dans des tipis et leur savoir-f    aire et leur richesse étaient consacrées à l’édification de tombes monumentales plus qu’à l’élaboration de villes ou d’habitations. Ils voyaient surement plus d’intérêt à assurer leur repos éternel que leur confort terrestre. Et ces tombes ont su garder leur mystère : les interprétations sont nombreuses sur ces personnages sculptés dans la pierre, parfois menaçants, parfois accueillants, surement représentants des divinités. Et surtout, comment ont-ils pu transporter ces pierres alors qu’ils ne connaissaient pas la roue ? Et comment ont-ils pu sculpter des formes d’éléphants ou de gorilles alors qu’il n’y a pas de gorilles et d’éléphants en Amérique du Sud ? Et cette sculpture d’une femme en train d’accoucher semble être fait par césarienne ? Et si tous les archéologues se trompaient ? Et s’il s’agissait en fait d’extra-terrestres venus tenter de coloniser la planète (il y en a qui y croient) ?

El cerro de la Pelota

Bref, le mystère reste entier sur de très nombreux aspects de cette civilisation. Mais une chose est sure : ils avaient bon gout pour choisir un lieu sympa et ne se sont donc pas installés dans un endroit dégueulasse. Des vallons aux vertes prairies, baignant sur un paysage dont on voit, au loin les montagnes de la cordillère centrale. Et au milieu coule une rivière. Enfin, pas n’importe laquelle, le Rio Magdalena, plus grand fleuve de Colombie (en distance, car en débit, l’Amazone le bat largement), qui est encore à l’état de petit ruisseau ici mais qui, d’ici Barranquilla, augmentera régulièrement de volume. Et qui ici fait la séparation entre la cordillère centrale et orientale. La vaste vallée que l’on voit bien depuis Bogota est ici un petit ruisseau que l’on pourrait presque franchir en sautant. Avec plein de cascades, petits chemins, collines vertes et aujourd’hui champs de café, canne à sucre, lulo, maïs…

Salto de Bordones

Du coup, on a pu allier l’agréable au culturel : la visite des sites archéologiques et quelques ballades pour y arriver : par deux fois à cheval avec notre excellent guide Abay, même si les chevaux de Philippe ont été un peu capricieux. Un tour en jeep également, pour aller observer les sculptures de « Los altos de los Idolos » a San Juan de Isnos et la cascade du « Salto de Bordones », la seconde plus haute du continent américain (400 mètres de haut). Et le parc archéologique bien entendu, principal lieu de visite des tombes et sculptures agustiniennes, avec un guide de 80 ans, 18 enfants et à peu près aussi sourd que croyant, ce qui fut un peu gênant pour la visite : chaque fois qu’on lui posait une question, il ne nous entendait pas mais en profitait pour nous parler de Jésus…

Pour bien terminer notre voyage, nous aurions aimé aller à la naissance du fleuve Magdalena. Cette petite promenade de trois jours de cheval dans la montagne nous aurait mené là ou nait réellement fleuve à travers des paysages magnifiques. Mais malheureusement, quelques « accrochages » entre guérilla et armée nous font reporter cette randonnée. Il y a encore quelques années, la guérilla était extrêmement présente dans le département, jusqu’aux portes de San Agustin, multipliant les barrages sur les routes. Aujourd’hui, le village de San Agustin est calme, la guérilla n’étant présente que dans les montagnes et le tourisme peut sans aucun problème se promener, visiter en toute sécurité. Et de toute façon, la guérilla ne prend pas pour cible les touristes, la randonnée aux sources du Magsalena est donc tout à fait possible. Mais en période de conflit entre armée et guérilla, on ne va pas non plus tenter le diable. Et ça nous donnera une bonne raison pour revenir.

L’autre raison pourrait être l’excellent accueil à l’hostal / restaurant français El Hogar, tenu par Taieb et Audrey. Pour notre dernier repas à San Agustin, on en a eu un peu marre de l’arroz / patacones / frijoles (riz, banane, haricots rouges) et notre guide Abay nous a parlé d’un petit restaurant français. Donc direction le resto, où Audrey et Taieb nous ont concocté une salade (pour Denise) et une tartiflette (pour Philippe). Et du coup, on y a passé l’après-midi à discuter de la Colombie, de San Agustin, de tout et de rien. Bref, accueil chaleureux, excellent repas, du plaisir à parler français. Et en plus, ils proposent également des chambres à des prix fort peu onéreux (15 000 pesos/pers) dans une très jolie maison bien retapée. Un lieu que nous recommandons donc très chaleureusement à tous nos lecteurs.

Ce fut la dernière étape (avant un petit passage en juin en Amazonie. Mais comme dirait Terminator (dans sa version espagnole), volveremos pronto.

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Quoi ? Tata dans le désert ? 20/04/2010

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Estoraque : tout en haut, c'est le niveau qu'avait la terre avant l'érosion

Dernière étape avant la fin du visa de Philippe (visa tourisme de 6 mois, non prolongeable et valide jusqu’au 1er mai), le sud colombien, de Bogota à la source du Rio Magdalena, qui coupe la Colombie en deux. Deux étapes principales nous attendent : le désert de la Tatacoa et les sculptures archéologiques de la région de San Augustin.

Ces deux étapes sont remplies de l’esprit des ancêtres colombiens, qui peuplaient le pays avant l’arrivée des espagnols : le désert de la Tatacoa est un lieu mythique dans lequel l’esprit des morts vient se reposer. Et San Agustin regroupe des statues d’une civilisation aujourd’hui disparue qui a construit dans le sud colombien des statues gigantesques taillées dans la pierre (cf. article San Augustin).

Le désert de la Tatacoa

Pour être très précis, il ne s’agit pas d’un désert mais d’une forêt tropicale asséchée. Les espagnols l’ont appelé désert de la Tatacoa du nom, en langue locale, des nombreux serpents à sonnettes qui peuplent le désert. Le désert est situé à une trentaine de kilomètres de Neiva qui est pile poil à la moitié du chemin entre Bogota et San Agustin. Donc, ce sera une halte bienvenue pour couper le trajet en deux.

Notre Moto-Taxi

Une fois arrivés à Neiva, nous prenons un petit bus qui nous amène à Villavieja, porte d’entrée au désert. Deux possibilités s’offrent à nous : dormir dans le village ou dans le désert. Un guide et sa moto-taxi (un rickshaw pour ceux qui sont allés en Asie) nous propose de nous amener dans le désert. Va donc pour une nuit dans le désert ! Nous logerons dans une cabane assez rustique dans une des quelques fermes qui tentent de faire pousser des chèvres au milieu du désert (Posada doña Elsa). L’habitation est assez sommaire (pas d’électricité) mais nous permet de profiter du désert la nuit. Et deux choses sont ici frappantes. Tout d’abord, le silence : aucun bruit ne vient troubler le désert la nuit. Et ensuite, la clarté du ciel : nous sommes ici au milieu de nulle part, proches de l’équateur et le ciel est clair et lumineux. D’ailleurs, une station astronomique est installée proche de notre cabane car il s’agit d’un des endroits en Colombie ou la vue céleste est la plus belle.

Puis le lendemain matin, notre guide revient nous chercher, toujours en moto-taxi, pour un tour dans le désert. Nous commençons par le secteur d’El Cuzco, le « centre du monde » en langue quechua. Le paysage est ocre, érodé par le vent et la pluie ce qui lui donne une forme très particulière. Cela ressemble un peu au grand canyon américain (en beaucoup plus petit quand même). C’est ici que viennent se reposer l’esprit des chamanes. Puis, en à peine deux ou trois kilomètres, le paysage se transforme. D’ocre, nous passons au gris dans la zone de Los Hoyos. Ici, l’érosion a creusé la roche pour créer des formes dont l’imagination permet de penser qu’il s’agit d’un chien, d’une tortue, d’un crocodile… C’est toujours aussi beau et aussi silencieux.

La piscine d'eau naturelle 🙂

Pour terminer notre visite dans le désert, le guide nous propose un petit saut dans une « piscine naturelle ». Finalement, une fois arrivés, on s’aperçoit qu’elle n’est pas si naturelle que ça, puisqu’elle est construite en béton. Mais ici en Colombie, une piscine est naturelle quand « l’eau est naturelle » (en gros, qu’elle jailli de la nature). Mais nous ne serons pas fine bouche et une piscine en plein désert, quand il fait chaud, et même pour 3000 $, ça ne se refuse pas. Va donc pour quelques brasses dans une eau naturelle au milieu du désert. Puis, retour à Villavieja et Neiva pour la suite de notre découverte du sud colombien.

L’escale désertique n’a pas été longue mais ces paysages à couper le souffle, ce calme ont été appréciables. Amis voyageurs, n’ayez donc pas peur de vous arrêter dans le désert de la Tatacoa. Et peut-être, si vous restez plus longtemps que nous, pourrez-vous entendre l’esprit des chamanes vous parler ?

Silvia et son marché pas comme les autres 12/01/2010

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Indiennes Guambiano

Dernière étape du sud colombien, Silvia est un grand village qui n’aurait pas beaucoup plus d’intérêt que les milliers d’autres en Colombie, si ce n’est la présence, tous les mardis, d’un marché indien.

Pour ne rien vous cacher, on ne s’attendait pas à ce que l’on a vu. On s’attendait à un marché artisanal, ou de gentils indiens viendraient vendre de magnifiques objets artisanaux fabriqués exprès pour que les gentils touristes puissent faire de jolis cadeaux à leurs familles et amis au retour de vacances.

Marché de Silvia

En fait, le marché de Silvia est un « vrai » marché, on y vend du riz, de la panela (sorte de sucre servant à faire de l’agua de panela, en gros de l’eau sucrée), des patates, des patates, des patates, encore des patates, du riz, de la panela, des légumes et tous les produits nécessaires à la vie. Pour ceux qui sont déjà allés dans des marchés d’Afrique du Nord, c’est exactement pareil. Sauf que la semoule est remplacée par le riz.

La Panela, d'où on fait une eau délicieusement sucrée

Ce qui rend ce marché fameux dans la région est son côté « hors du temps ». Le marché est celui des

indiens Guambiano qui habitent dans les collines alentour et qui ont su préserver leurs traditions ancestrales. Et une fois par semaine, ils viennent tous, en habit traditionnel, faire leur marché.

Chiva, qui peut même transporter des armoires...

La ville se peuple donc des indiens, tous habillés pareil (longue jupe, chapeau rond, grands colliers pour les femmes), qui achètent, vendent, et chargent jusqu’à ras-bord les chivas pour retourner ensuite dans les villages et fermes des collines alentours.

Dernière étape étonnante, qui vaut la peine d’être vue. Nous n’avons pas le temps d’aller à San Augustin pour voir les vestiges pré-colombiens, nous devrons donc revenir. Car nous quittons la chaleur du Sud, direction Bogota et ses 9 millions d’habitants.

Popayan, ville blanche et gastronomique 11/01/2010

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A environ 150 km au sud de Cali, Popayan est une des plus anciennes villes coloniales de Colombie. Elle fut fondée par le bien nommé Sebastian de Belalcazar (également fondateur de Cali) au début du 16e. Popayan s’est vite développée car elle se trouvait alors au croisement de différentes routes commerciales (il fut une époque où Popayan était à la frontière avec l’Equateur). Ainsi, la ville a tiré richesse du commerce, et se vendaient ici il y a quelques siècles or, émeraudes et pierres précieuses. Comme ce blog est politiquement correct, nous ne mentionnerons pas que la plupart de ces richesses ont été volées aux indigènes.

Jusqu’à nos jours, Popayan a su garder son charme colonial : le centre est encore constitué de grandes maisons, dans lesquelles se trouvent des patios, fontaines, grandes portes cochères… le tout blanchi à la chaux ce qui donne un ton blanc à la ville. De nombreuses églises se trouvent dans les différents quartiers de la ville.

Ne disposant que d’une journée pour visiter la ville, nous avons laissé nos pas nous guider le long des rues du centre-ville, découvrant au fur et à mesure les églises, les maisons, quelques musées (la Casa Museo Mosquera, du nom d’une vieille famille militaire de Popayan et le Museo Guillermo Leon Valencia, qui fut entre 1964 et 1968 président de la République).

Et en plus, on a bien mangé. Popayan a été déclarée Ville gastronomique par l’UNESCO et la ville regorge de petits restaurants dont les fumets se dégagent jusque dans la rue. Cela nous change donc de Pasto, et nous avons pu manger autre chose que du riz (et du cuy…). Rien qu’au centre-ville de Popayan, on dénombre 3 restaurants végétariens… Pour une fois, Denise a pu profiter pleinement des plaisirs de la gastronomie colombienne…

Santuario de Las Lajas 09/01/2010

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Nous ne pouvions quitter le sud de la Colombie sans visiter le Sanctuario de Las Lajas. Selon un écriteau à l’entrée du lieu, il s’agit du lieu « topographiquement le plus beau du monde, religieusement le plus visité d’Amérique et le plus audacieux et original de Colombie ». Bon, les colombiens ont quelquefois une tendance à l’exagération, nous ne confirmerons pas tout. Nous trouverons peut-être le même écriteau à l’entrée de la Cathédrale de sel de Bogota (ça, nous pourrons vous le confirmer quand nous l’aurons vue…). Mais en tout cas, la visite en a valu la peine, même si le temps n’a pas été avec nous.

Le Sanctuaire se trouve près d’Ipiales, à la frontière avec l’Equateur, à 1h30 de bus de Pasto. D’Ipiales, nous avons pris un taxi collectif pour le sanctuaire. Le taxi nous laisse à environ 1 km du lieu en hauteur, il suffit ensuite de descendre. Dans la descente sont scellées sur la paroi de la montagne un nombre impressionnant de plaques de prières ou remerciement à la Virgen de las Lajas pour des miracles accomplis. Ces plaques sont posés par des individus, des collectifs (les policiers, les boulangers, des familles…) et même la fédération départementale des taxis du Nariño, qui prie pour la protection des chauffeurs et de leurs passagers. Vu l’état des freins, amortisseurs et pneus des taxis de la région, ça semble en effet nécessaire de placer les véhicules sous la protection de la vierge…

Détail d’une voûte

Le sanctuaire est un monastère, construit au dessus d’un précipice, tout proche d’un ancien site religieux indien. L’histoire dit qu’au 18e l’image de la Vierge du Rosaire a été découverte par l’indienne Maria Mueses et sa fille Rosa lorsqu’elles rentraient chez elles. Comme l’orage les avaient pris par surprise, Maria et sa fille cherchèrent refuge le long du fleuve dans un abri naturel formé par des pierres plates (lajas en espagnol). A la surprise de la mère, la jeune Rosa, sourde et muette, dit en signalant l’image de la Vierge « la métisse m’apelle ». La nouvelle du miracle se propageant, les habitants ont construit un premier site de recueillement, devenu par la suite un lieu de pèlerinage. Devant l’afflux des pèlerins, au début du 20e, il a

Voilà à quoi ressemblait le sanctuaire en 1754…

été décidé la construction d’une basilique plus grand, avec un pont permettant de passer d’un côté à l’autre du précipice.

Le basilique est un ensemble architectural assez étonnant, car il semble réellement construit au dessus du précipice. Nous espérons que les photos permettront de donner la grandeur du lieu.

Au retour, nous nous arrêtons dans un petit restaurant où Philippe goute la spécialité locale : le cuy.
Le cuy, c’est tout simplement un cochon d’inde, tout mignon, dont on fait une grande consommation dans cette partie de la région, le plus souvent cuit à la broche. Et d’ailleurs, le slogan de la région est « Cuy… sabor ! » (équivalent de notre hip hip hip… hourrah) que l’on pourrait traduire par « le cobaye… c’est bon ! ». En effet, c’est bon, même si, comme pour le lapin, il y a beaucoup de petits os.

On vous avait promis de vous faire découvrir la Colombie, on se doit donc de tout tester…

La Laguna de la Cocha 08/01/2010

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Isla de la Corota, en medio de la laguna de la Cocha

Après 4 jours de carnaval, quoi de mieux que de retrouver la nature, la verdure et le calme?

Nous optons donc pour une sortie à la laguna de la Cocha. Située à environ 40 minutes de trajet de Pasto, la laguna de la cocha est une vaste étendue d’eau située à 2800 mètres d’altitude, de 14 km sur 5. Nous nous rendons à El Encano, village proche de la lagune, qui possède un port sur ses rives. A bord d’une barque à moteur, nous nous rendons sur l’ile de la Corota qui est un sanctuaire de faune et de flore, et nous nous y promenons le long d’un sentier écologique d’un demi-kilomètre. La promenade sur cette ile nous permet d’observer les bromélias qui poussent en nombre important sur les arbres.

Puis, retour à la barque qui nous fait faire le tour le l’ile, avant de rentrer au port, pour le déjeuner et  la promenade digestive. Nous pouvons regarder les nombreuses maisons fleuries du port, les boutiques de souvenirs et les restaurants. Puis, retour à Pasto et à l’hôtel après une demi-journée plus proche de la nature que les jours précédents.

El Carnaval de blancos y negros de Pasto 05/01/2010

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Après deux semaines à Cali, pour passer les fêtes en famille, nous quittons la ville le 2 janvier pour le Sud, plus précisément à Pasto, dans le département de Nariño, à la frontière avec l’Equateur. Pourquoi Pasto ? Car c’est le Carnaval de blancos y negros ! Nous ne sommes évidemment pas les seuls à vouloir y assister, et à 8h du matin nous nous retrouvons donc au bout d’une queue de plus de 200 personnes à attendre l’ouverture du guichet des compagnies de bus se rendant dans le sud. A la colombienne, on vient nous proposer une buseta, qui part du second étage (réservé aux transports urbains) dans quelques minutes. Il s’agit d’une buseta qui fait normalement des trajets dans la périphérie de Cali donc pas du tout adaptée aux longs voyages. Mais vu le nombre de personnes qui souhaitent aller à Pasto, on s’adapte…Et nous voici  partis dans une buseta assez inconfortable (même les jambes de Denise étaient trop grande !), pour 8 heures de trajet. Mais c’était ça ou attendre des heures dans une queue pour un bus qui ne partait en fait que le soir.

Ce carnaval est une des plus anciennes et plus fameuses fêtes colombiennes. Le carnaval en tant que tel date du début du 20ème siècle, mais la tradition festive de début janvier remonte probablement à l’époque coloniale quand la cour d’Espagne, suite à une révolte d’esclave, a accordé aux esclaves du royaume un jour de congé, d’où un « jour des noirs ». L’origine du carnaval reste un débat d’historiens, et, comme le dit si bien Wikipedia, « il en résulte au-delà de ces considérations érudites, que le Carnaval de Negros y Blancos de Pasto est une expression exemplaire du syncrétisme culturel et social d’un pays encore fortement marqué par des inégalités raciales et économiques ». Pour faire court, que l’on soit riche ou pauvre, que l’on soit noir ou blanc, que l’on soit jeune ou vieux, on va bien s’amuser.

Cette fête traditionnelle s’est donc perpétuée jusqu’à aujourd’hui et ce carnaval est, avec celui de Barranquilla, le plus célèbre du pays. Il a été reconnu depuis septembre 2009 « patrimoine oral et  immatériel de l’humanité » par l’UNESCO.

Un pâle exemple de ce qu'on peut faire avec la carioca !

Nous sommes arrivés le 2 janvier, le carnaval commence en réalité le 3. Premier temps fort, le Carnavalito, ou « petit carnaval », spécialement fait pour les enfants. C’est sympa et gai, rafraîchissant. Puis, le même jour en fin d’après-midi, nous assistons au Canto a la tierra (chant à la terre) qui est un défilé de chorégraphies et de danses andines avec de très nombreuses troupes en costume. A la fin du défilé, la mauvaise surprise du carnaval avec le vol de l’appareil photo de Denise (par la suite on a su que les braquage à la carioca, la mousse qu’on utilise durant le carnaval pour jouer, sont très fréquents). Il faut dire que nous avons passé ce premier jour de carnaval tout seul et qu’il est vivement recommandé de se rendre au carnaval en groupe, surtout pour les jours suivants…

Le lendemain, nous rejoignons pour la suite du carnaval Andres, son épouse Adriana et de nombreuse personnes de sa famille. Andres est le meilleur ami de Camillo, le frère de Denise, il vit à Bogota mais une partie de sa famille et de celle d’Adriana vivent à Pasto. Nous sommes donc en bande, prêts pour affronter la folie du carnaval !

Même les policiers s'en prennent plein la gueule !

Le second jour du carnaval est celui de la famille Castañeda. Cette famille de colons est arrivée à Pasto en 1929, avec tous ses biens (meubles, vêtements…) chargés sur des mules. Leur arrivée s’étant faite en plein carnaval, tous les habitants de la ville les ont chaleureusement escortés, avec enfants et mulets, dans toute la ville aux cris de « vive les castanñedas ». Devenus le symbole de l’hospitalité des habitants de Pasto, le défilé du second jour du carnaval est ainsi devenu celui de la famille Castañeda.

Le défilé permet de commencer à se mettre dans l’ambiance. A la fin du défilé, vers 14 heures, la folie du carnaval commence réellement. Avec quelques ingrédients simples, la ville se transforme. De la mousse en bombe (les fameuses carioca) et le talc servent de projectiles. Les ponchos et lunettes de soleil (vendues dans la rue à 0,80 €) servent à se protéger. Et l’aguardiente sert pour tout le reste… Et si vous ne connaissez pas l’aguardiente, c’est que vous n’êtes jamais venus en Colombie. Car c’est ici la boisson nationale. Boisson à base d’anis, c’est moins fort que le pastis (environ 30 % d’alcool) mais elle se boit sans eau. Et en grande quantité… Nous terminons notre deuxième jour de carnaval et notre troisième défilé mouillés et fatigués d’avoir couru toute la journée… Mais il faut se reposer car demain, c’est le jour des noirs.

Nuage de Carioca

Pour le jour des noirs, aucun défilé n’est prévu, le but de la journée est juste de se peindre la tête en noir. Car aujourd’hui, en plus des cariocas et du talc, on ajoute à sa panoplie du parfait carnavalier des « cosmétiques », noirs mais aussi de différentes couleurs (vert, rose, bleu…). Et en gros, le but du jeu est qu’à la fin de la journée, chaque personne se trouvant à Pasto soit sale. On rejoint donc Andres et son fidèle lieutenant Rob, belge de 1m94 aux yeux bleux, donc encore plus touriste que nous, et nous passons l’après-midi à courir après toutes les personnes dans la rue avec nos cariocas et nos peintures. Et bien sur, on se fait aussi peindre, mousser, talquer… A la fin de la journée, nous sommes comme tous les participants: sales. Mission accomplie…

Le dernier jour, le jour des blancs, est celui du grand défilé. Pour la petite histoire, le jour des blancs est le souvenir d’une bataille de talc dans un salon de coiffure en 1912. Le tailleur de la ville, Don Angel Maria Lopez Zarama (nous ne savons pas s’il y a un lien avec Camillo, le frère de Denise, qui sait en cherchant dans l’arbre généalogique?) en a aspergé d’honnêtes citoyennes venues se faire coiffer au cri de « vive les blancs ». Et depuis, il y a un jour des noirs, un jour des blancs, et le carnaval se remplit de vivas « que vivan los negros, que vivan los blancos… ».

Il y a aussi beaucoup de jolies églises à Pasto, mais l'ambiance n'était pas à la religion !

Préparé depuis de nombreux mois, le défilé est en 3 parties : les troupes à pied, les chars sans moteurs et les véhicules à moteurs transformés en char. Nous y assistons sur l’avenida de los estudiantes. Le début du défilé y arrive vers 11 heures et les derniers chars, ceux à moteur (pour la plupart des camions) passeront à 17h30. Et entre temps, bien sur, bataille de talc, carioca et aguardiente…

Le tout en musique, dans une ambiance festive mais vraiment bonne enfant. Tout le monde participe, du plus jeune au plus vieux. Et bien sur, tout le monde est rapidement sale et mouillé. Une fois le défilé fini, la fête continue sur les places de la ville et dans les bars. Pour nous, ce sera discothèque reggae-rock colombien jusqu’au bout de la nuit !

Après, je faisais moins la fière !